Le #Ciné de Mathieu - "Les Brasiers de la Colère" - Thriller

Aussitôt vu, aussitôt oublié.

C'est un peu comme cela que l'on pourrait résumer "Les brasiers de la colère". Le deuxième film de Scott Cooper (après "Crazy Heart") ne contient pas vraiment d'erreurs , mais pas de fulgurances non plus. Ce long-métrage n'apporte strictement rien au genre : histoire vue et revue, jeux d'acteurs honorables, réalisation insipide.

Qu'en est-il du synopsis ? Le film se déroule dans une banlieue ouvrière américaine, où Russell (Christian Bale) et son jeune frère Rodney (Casey Affleck) mènent une vie sans grands bonheurs. Rodney, pour échapper à une vie d'ouvrier dont il n'a pas envie, s'est engagé dans l'armée, pour aller combattre en Irak. Il en revient rapidement, et l'on constate que la guerre l'a beaucoup atteint, physiquement mais surtout psychologiquement. Pour faire face à ses problèmes d'argent, il va tremper dans des affaires douteuses. Il décide de s'isoler de son frère, qui va tenter de le retrouver pour l'aider...

Concrètement, rien d'inédit.

On nous ressert une nouvelle fois le coup des personnages "qui ne sont pas très heureux dans leur vie parce qu'ils habitent dans un quartier où la vie est difficile, et qui vont se tourner vers les caïds trafiquants de drogue alors qu'ils n'ont pas un mauvais fond".

A aucun moment, le spectateur n'est surpris. On a ici affaire à un sujet classique, pour un traitement qui l'est tout autant.

Autre problème : il semblerait que Scott Cooper cherche, à différents moments, à émouvoir le public. Malheureusement, on a bien du mal à être en empathie avec les deux protagonistes.

Une partie (et une partie seulement) de l'explication réside dans le doublage français, et dans ce syndrome malheureusement récurrent de "l'acteur qui change de voix" . En effet, la voix française de Christian Bale n'est pas la même que dans la trilogie Batman ou dans "Le prestige". Ici, la voix de Christian Bale est celle notamment connue pour être la voix de Brad Pitt, ce qui ne facilite pas l'immersion dans la vie de ce personnage. Il y a une barrière. L'imaginaire du spectateur, sa capacité à mettre de côté le fait qu'il est en train de regarder une oeuvre de fiction pour la considérer comme une histoire mettant en scène de vrais personnages, est contrarié.

Si le film était suffisamment bien construit et réalisé, ce problème n'en serait pas un. Mais ce n'est pas le cas.

Côté acteurs, Christian Bale "assure", sans livrer une prestation particulièrement remarquable. Casey Affleck est, comme souvent, très convaincant, dans un registre qu'il maîtrise bien.

Dans le reste du casting, Woody Harrelson, Forest Whitaker, Willem Dafoe ou encore Zoé Saldana remplissent bien leur part du contrat.

Et c'est là une autre source de déception : un casting de qualité, mais qui ne peut pas sauver un scénario si peu inventif.

Le problème majeur de ce film est qu'il n'a pas vraiment d'identité. Avec une réalisation trop lisse et un scénario déjà vu, il est impossible de retenir une scène ou une réplique en particulier. 

Au final, "Les brasiers de la colère" est comme un plat réchauffé : avec peu de saveurs sans être mauvais non plus, le goût qu'il laisse s'estompe après seulement quelques instants

Aussitôt vu, aussitôt oublié.

"Les brasiers de la colère" de Scott Cooper, avec Christian Bale, Casey Affleck, Woody Harrelson, Forest Whitaker, Willem Dafoe, Zoé Saldana et Sam Shepard.

 Durée : 1h56

Par Mathieu Oliver